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[0817]Meeting with the Bishops of Asia_FR
작성자 : 방한준비위원회 작성일 : 2014-08-18 조회수 : 2404

 

HAEMI – 17.08.2014

Sanctuaire

Rencontre avec les évêques d’Asie

 

Chers frères Évêques,

 

Je voudrais vous adresser une fraternelle et cordiale salutation dans le Seigneur, alors que nous sommes réunis en ce lieu saint, où de nombreux chrétiens ont donné leur vie par fidélité au Christ. Leur témoignage de charité a apporté grâces et bénédictions à l’Église en Corée et aussi au-delà de ses frontières : que leurs prières nous aident à être de fidèles pasteurs des âmes confiées à notre sollicitude. Je remercie le Cardinal Gracias pour ses

aimables paroles de bienvenue et pour le travail réalisé par la Fédération des Conférences Épiscopales de l’Asie en donnant une impulsion à la solidarité et en promouvant l’action pastorale dans vos Églises locales.

 

En ce vaste continent, où il existe une grande variété de cultures, l’Église est appelée à être diversifiée et créative dans son témoignage rendu à l’Évangile, grâce au dialogue et à l’ouverture envers tous. En vérité, le

dialogue est une partie essentielle de la mission de l’Église en Asie (cf. Ecclesia in Asia, n. 29). Mais en entreprenant le chemin du dialogue avec les personnes et avec les cultures, quels doivent-être le point de départ et le point de référence fondamental qui nous guident vers notre but ? Certainement, c’est notre propre identité, notre identité de chrétiens. Nous ne pouvons pas nous engager dans un vrai dialogue si nous ne sommes pas conscients de notre identité. Et, d’autre part, il ne peut y avoir un dialogue authentique si nous ne sommes pas capables d’ouvrir notre esprit et notre coeur, avec empathie et accueil sincère de ceux avec qui nous parlons. Un sens clair de l’identité propre de chacun et une capacité d’empathie constituent donc le point de départ pour tout dialogue. Si nous voulons communiquer de manière libre, ouverte et fructueuse avec les autres, nous devons avoir bien clair à l’esprit ce que nous sommes, ce que Dieu a fait pour nous et ce qu’il attend de nous. Et si notre communication ne veut pas être un monologue, il doit y avoir ouverture de l’esprit et du coeur pour accepter les personnes et les cultures.

 

La tâche de nous approprier notre identité et de l’exprimer ne se révèle cependant pas toujours facile, puisque, du moment que nous sommes pécheurs, nous serons toujours tentés par l’esprit du monde qui se manifeste de diverses façons. Je voudrais ici en signaler trois. La première d’entre elles est la méprise trompeuse du relativisme, qui obscurcit la splendeur de la vérité et, secouant la terre sous nos pieds, nous fait avancer vers des sables mouvants, les sables mouvants de la confusion et du désespoir. C’est une tentation qui dans le monde d’aujourd’hui affecte même les communautés chrétiennes, conduisant les gens à oublier que « sous tous les changements, bien des choses demeurent qui ont leur fondement ultime dans le Christ, le même hier, aujourd’hui et à jamais» (Gaudium et spes, n. 10 ; cf. He 13, 8). Je ne parle pas ici du relativisme entendu seulement comme un système de pensée, mais de ce relativisme pratique, quotidien, qui, de manière presqu’imperceptible, affaiblit toute identité.

 

Une seconde façon dont le monde menace la solidité de notre identité chrétienne, c’est la superficialité : la tendance à jouer avec les choses à la mode, les gadgets et les distractions, plutôt que de nous consacrer aux choses qui comptent réellement (cf. Phil 1, 10). Dans une culture qui exalte l’éphémère et offre de nombreux lieux d’évasion et de fuite, cela représente un sérieux problème pastoral. Chez les ministres de l’Église, cette

superficialité peut aussi se manifester dans le fait d’être fascinés par les programmes pastoraux et par les théories, au détriment de la rencontre directe et fructueuse avec nos fidèles, spécialement les jeunes, qui ont plutôt besoin d’une solide catéchèse et d’une orientation spirituelle sûre. Sans un enracinement dans le Christ, les vérités pour lesquelles nous vivons finissent par se fissurer, la pratique des vertus devient formaliste et le dialogue est réduit à une forme de négociation ou à un accord sur le désaccord.

 

Il y a ensuite une troisième tentation, qui est la sécurité apparente qui se cache derrière des réponses faciles, des phrases toutes faites, des lois et des règlements. La foi, par sa propre nature, n’est pas centrée sur elle-même, la foi tend à ‘‘aller au-dehors’’. Elle cherche à se faire comprendre, elle fait naître le témoignage, génère la mission. En ce sens, la foi nous rend capables d’être en même temps courageux et humbles dans notre témoignage d’espérance et d’amour. Saint Pierre nous dit que nous devons être toujours prêts à répondre à quiconque nous demande raison de l’espérance qui est en nous (1P 3, 15). Notre identité de chrétiens réside en définitive dans l’engagement à adorer Dieu seul et à nous aimer les uns les autres, à être au service les uns des autres et à montrer à travers notre exemple, non seulement en quoi nous croyons, mais encore en quoi nous espérons et qui est Celui en qui nous avons mis notre confiance (cf. 2 Tim 1, 12).

 

En résumé, c’est la foi vivante dans le Christ qui constitue notre identité la plus profonde. C’est de celle-ci que part le dialogue, et cette identité que nous sommes appelés à partager de manière sincère, honnête, sans présomption, à travers le dialogue de la vie quotidienne, le dialogue de la charité et en toutes les occasions plus formelles qui peuvent se présenter. Puisque le Christ est notre vie (cf. Phil 1, 21), parlons de lui et à partir de lui, sans hésitation ni peur. La simplicité de sa parole devient évidente dans la simplicité de notre vie, dans la simplicité de notre manière de communiquer, dans la simplicité de nos oeuvres de service et de charité envers nos frères et soeurs.

 

Je voudrais à présent me référer à un autre élément de notre identité de chrétiens : cette identité est féconde. Puisque continuellement elle naît et se nourrit de la grâce de notre dialogue avec le Seigneur et de l’impulsion de l’Esprit, elle porte un fruit de justice, de bonté et de paix. Permettez-moi donc de vous poser une question concernant les fruits que l’identité de chrétien porte dans votre vie et dans la vie des communautés confiées à votre sollicitude pastorale. L’identité chrétienne de vos Églises particulières se manifeste-t-elle clairement dans vos programmes de catéchèse et de pastorale des jeunes, dans votre service des pauvres et de ceux qui languissent aux marges de nos sociétés riches et dans vos efforts pour promouvoir les vocations au sacerdoce et à la vie religieuse ?

 

Enfin, avec un sens clair de notre propre identité de chrétien, le dialogue authentique exige aussi une capacité d’empathie. Le défi qui se présente à nous est celui de ne pas nous limiter à écouter les paroles que les autres prononcent, mais de saisir la communication non dite de leurs expériences, de leurs espérances et aspirations, de leurs difficultés et de ce qui leur tient le plus à coeur. Une telle empathie doit être le fruit de notre regard spirituel et de l’expérience personnelle, qui nous porte à voir les autres comme des frères et des soeurs, et à ‘‘écouter’’, à travers et au-delà de leurs paroles et actions, ce que leurs coeurs désirent communiquer. En ce sens, le dialogue exige de nous un authentique esprit ‘‘contemplatif’’ d’ouverture et d’accueil de l’autre. Cette capacité d’empathie nous rend capables d’un vrai dialogue humain, dans lequel des paroles, des idées et des questions jaillissent d’une expérience de fraternité et d’humanité partagée. Cette capacité conduit à une authentique rencontre, dans laquelle le coeur parle au coeur. Nous sommes enrichis par la sagesse de l’autre et nous nous rendons disponibles pour parcourir ensemble le chemin d’une plus profonde connaissance, amitié et solidarité. Comme l’a justement observé saint Jean-Paul II, notre engagement pour le dialogue se fonde sur la logique même de l’Incarnation : en Jésus, Dieu lui-même est devenu l’un de nous, il a partagé notre existence et nous a parlé dans notre langue (cf. Ecclesia in Asia, n. 29). Dans cet esprit d’ouverture aux autres, j’espère fermement que les pays de votre continent avec lesquels le Saint-Siège n’a pas encore une relation pleine n’hésiteront pas à promouvoir un dialogue au bénéfice de tous.

 

Chers frères dans l’épiscopat, je vous remercie pour votre accueil fraternel et cordial. Quand nous regardons le grand continent asiatique, avec sa vaste extension géographique, ses antiques cultures et traditions, nous prenons conscience que, dans le plan de Dieu, vos communautés chrétiennes constituent vraiment un pusillus grex, un petit troupeau, auquel cependant a été confiée la mission de porter la lumière de l’Évangile jusqu’aux confins de la terre. Que le Bon Pasteur, qui connaît et aime chacune de ses brebis, guide et consolide vos efforts pour les réunir dans l’unité avec lui et avec les autres membres de son troupeau répandus dans le monde. Je confie chacun de vous à l’intercession de Marie, Mère de l’Église, et j’accorde de grand coeur ma bénédiction, en signe de grâce et de paix dans le Seigneur.


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